Changer de métier après un licenciement

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Changer de métier après un licenciement

Chaque semaine, nous partageons avec vous une expérience de reconversion. Cette semaine, nous avons recueilli le témoignage éclairant de Denis, ancien directeur de la diffusion dans la presse, qui vend aujourd’hui des objets design sur MeublesetObjets. Il nous raconte son parcours et nous parle des difficultés rencontrées lorsque l’on doit changer de métier après un licenciement.

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Après avoir travaillé 35 ans dans différents organes de presse, vous avez dû changer de vie professionnelle. Comment en êtes-vous arrivé là ?

J’ai d’abord étudié l’écriture japonaise, que je trouve très belle, et j’ai failli obtenir un DEUG de japonais. Après avoir été coursier, j’ai pu mettre un pied dans une association liée à l’Union Européenne. De fil en aiguille, j’ai laissé tomber mes études et je suis rentré au bureau de presse de l’Union Européenne. J’y suis resté 7 ans.

Une petite annonce encore et, à la faveur d’un gros coup de bluff de ma part, j’intégrais un véritable organe de presse en tant que directeur des abonnements. J’y suis resté 14 ans avant de négocier mon départ suite à des problèmes de santé. J’ai ensuite été 3 mois au chômage.

Comment avez-vous vécu cette période ? Avez-vous été accompagné ?

C’était une période pendant laquelle je me concentrais sur des projets de vie avec ma compagne de l’époque. J’en avais besoin, j’étais focalisé sur l’instant présent. En termes d’accompagnement, j’en ai profité pour faire un bilan de compétences.

Un cabinet de chasseurs de têtes est ensuite venu me chercher. J’ai intégré un groupe de presse qui réunissait une quinzaine de magazines dans des domaines très différents. Le même scénario s’est déroulé et j’y suis resté également 14 ans avant d’être, à la faveur de la vente de ce groupe de presse, « victime » d’un PSE.

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Expliquez-nous ce que vous faites maintenant ?

Aujourd’hui, je suis le gérant du site e-commerce meublesetobjets.com. J’avais, de longue date, perçu que la santé du groupe de presse dans lequel je travaillais – et la santé de la presse en général – ne me permettrait pas de travailler jusqu’à l’âge de la retraite. Aussi j’avais acheté ce site alors que j’étais encore en activité, à la faveur d’une rencontre qui m’a transmis sa passion pour la décoration design. Tant que je travaillais dans la presse, je gérais ce site le soir et le weekend…

Gérer un site e-commerce, ça veut dire quoi concrètement ?

Concrètement, il faut d’abord convaincre les fournisseurs ou les designers de vous permettre de mettre leurs produits en ligne, s’entendre sur les conditions commerciales, obtenir les photos des produits. Mes interlocuteurs sont, soit déjà présents sur le Net et estiment que, vis à vis de leur réseau physique, cela suffit, soit ils n’ont aucune prédisposition à être distribués ainsi et ne disposent ni des photos ni de descriptifs dignes de ce nom, alors il faut inventer !
Ensuite, il faut mettre les produits en ligne, ne pas pomper le contenu sur d’autres sites et être le plus attractif possible. J’ai mis en place un module de chat et il faut être disponible. Il y a également quelques appels téléphoniques, encore un fil à la patte.
Pour ce qui concerne les commandes, un peu plus de la moitié se passe en « dropshipping », pas de contraintes logistiques, mais il importe de glaner auprès des fournisseurs les liens de tracking pour les indiquer aux clients, ce n’est pas toujours facile.
Pour l’autre moitié, les produits sont livrés dans un entrepôt que je loue près de chez moi. Je dois donc aller réceptionner et organiser la livraison, par moi-même quand c’est à Paris ou en utilisant une plateforme qui compare les différents intervenants comme DHL, UPS… afin de choisir le mieux disant.
Parfois, on a de bonnes surprises quant on rencontre ses clients en vrai !

Quels ont été vos premiers pas pour changer de métier après votre licenciement ?

Compte tenu de mon ancienneté dans le groupe de presse qui m’a licencié, je suis parti avec une indemnité significative et j’en ai mis une bonne part dans la refonte totale du site e-commerce. J’ai également suivi quelques formations.

Combien de temps cela vous a pris de changer de voie ?

Quelques heures. Quand la décision est prise et qu’ensuite les circonstances ne vous laissent pas le choix : il faut y aller !

Qu’aimez-vous le plus dans votre travail actuel – en trois mots ?

L’indépendance, la créativité, l’univers de la déco et du design.

Et qu’aimez-vous le moins – en trois mots ?

La solitude, la solitude, la solitude

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette solitude ?

Je travaille de chez moi, ce qui limite les possibilités de développer plus de relationnel. Et puis, je ne m’étais pas préparé à devoir gérer tout, tout seul (le dépôt des comptes, la trésorerie…).

Quelles autres difficultés avez-vous rencontrées pendant ce parcours ? Et quels ont été vos appuis/soutiens ?

Je ne vais pas vous le cacher, les difficultés ont été nombreuses. Quand on a été salarié pendant toute sa vie, on n’a personne sur qui compter et on ne devient pas ipso facto entrepreneur. On découvre les obligations légales, la comptabilité et un tas de choses contraignantes. Mais, heureusement, j’ai été épaulé par mes amis.

J’espère aujourd’hui que le développement de l’activité de mon site me permettra de le vendre afin que toutes ces années de travail et d’investissement n’aient pas été en vain.

Avez-vous des conseils pour ceux qui aimeraient exercer votre métier ?

J’imaginais qu’un site e-commerce me permettrait de l’exercer depuis n’importe où, de m’installer ailleurs, mais en vérité, quand on vend des biens matériels, il faut avoir à l’esprit qu’il y a des contraintes de logistique

Avez-vous des conseils pour ceux qui ont envie ou doivent changer de métier tout court ?

Mon domaine d’activité ne permettait pas de « se former sur le tas ». Les circonstances dans lesquelles j’ai changé d’activité – contraint et forcé en quelque sorte – ne m’ont pas permis de « tester ». Mais, pour tous ceux dont c’est le choix, je pense qu’il est toujours mieux de pratiquer dans le domaine choisi afin de se conforter.

Merci pour ce témoignage Denis, et belle continuation !

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