Burn-out, Bore-out, Brown-out ?

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BURN-OUT, BORE-OUT, BROWN-OUT

 

L’expression “burn-out” est aujourd’hui officiellement intégrée au dictionnaire Larousse, résultat d’une réalité qui ne peut plus être ignorée. Or, ces néologismes qui se chargent de mettre des mots sur les maux sont multiples : burn-out, bore-out, brown-out… Vous en avez sûrement entendu parler, mais de quoi s’agit-il exactement ? Comment en reconnaître les symptômes et comment les combattre ? Petite plongée dans l’univers des blessures psychologiques au travail.

Si les entreprises prennent de plus en plus la mesure de l’importance du bonheur au travail et de l’impact qu’il a sur la productivité des salariés, de nombreuses études montrent un mal-être grandissant chez les salariés français. Selon le baromètre Edenred-Ipsos (2016), seuls 67% des salariés Français déclarent être satisfaits de leur environnement de travail. L’étude souligne que ces mêmes salariés considèrent qu’ils manquent d’attention et de considération de la part de leur hiérarchie, jusqu’à douter profondément de l’évolution de leur avenir professionnel au sein de leur entreprise.

Jean-Claude Delgenes, fondateur du cabinet de prévention des risques professionnels Technologia, explique combien le travail est important dans nos sociétés en cela qu’il nous apporte une « nourriture narcissique » essentielle à l’accomplissement personnel. Le travail, lorsqu’il n’est plus que subi, peut avoir des conséquences drastiques sur la santé physique et psychologique.

BURN-OUT

En 1559, le psychiatre François Claude Veil introduit la notion d’épuisement professionnel, lorsqu’il reconnaît la possibilité d’un dépassement des limites, du « franchissement d’un seuil » du capital individuel. En 2017, le burn-out est défini comme étant le « Syndrome d’épuisement professionnel caractérisé par une fatigue physique et psychique intenses générés par des sentiments d’impuissance et de désespoir » par le dictionnaire Larousse. Cette définition met en avant les risques d’un tel mal-être et pourtant, il n’est toujours pas reconnu en tant que maladie professionnelle aux yeux de la loi.

 

 

Or, les multiples causes du burn-out sont loin de ne pas concerner le quotidien d’un très grand nombre de salariés : exposition constante et prolongée au stress, surcharge de travail, pression des délais, exigences et objectifs inatteignables…  Elles sont aussi nombreuses que proches du quotidien et dépendent parfois tout simplement de la difficulté à dire « non ». « Quand vous êtes consciencieux, que vous voulez bien faire le job, vous prenez, vous prenez et vous ne savez pas dire non. (…) » raconte Philippe, tombé en dépression suite à la surcharge de travail à laquelle il a fait face (Quand le téléphone sonne, France Inter). Son témoignage illustre combien le burn-out est insidieux : c’est seulement après quatre mois d’arrêt de travail qu’il réalise son surmenage. « On s’en rend pas compte », ajoute-t-il, et c’est bien là le problème. Les salariés atteints ne savent généralement pas identifier précisément les signes avant-coureurs et, ayant un sens du devoir aiguisé, auront plutôt tendance à culpabiliser de n’être pas à la hauteur.

Les signes & symptômes qui devraient vous alerter :

  • La fatigue chronique (lorsqu’elle persiste malgré une succession d’une ou deux nuits complètes), l’insomnie
  • La colère, l’irritabilité
  • La perte d’attention et de concentration
  • Anxiété, tristesse, perte de confiance en soi

BORE-OUT

Si votre situation professionnelle est un long fleuve d’ennui, que vos pairs vous ignorent voire ne vous adressent plus la parole, et que cela fait des mois que vous n’avez pas eu l’ombre d’une mission ou d’une responsabilité, vous êtes en plein bore-out. Conceptualisé pour la première fois en 2007, par les consultants suisse Werer et Rothlin, le bore-out implique l’existence d’un déséquilibre notable entre le temps de travail et le volume de travail réellement effectué. A l’inverse du burn-out, il caractérise un « trop peu », un manque qui découle le plus souvent sur l’ennui. L’ennui, sous couvert d’une inoffensivité apparente, peut être particulièrement dangereux, surtout lorsqu’il est comblé par des habitudes nocives (du grignotage à l’alcool en passant par les pauses cigarettes plus fréquentes). Par ailleurs, les risques de dépression sont non négligeables : le travail étant intrinsèque à la construction de soi, ne pas être stimulé ni reconnu dans son univers professionnel peut vite s’avérer être psychologiquement insupportable pour les concernés.

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Le bore-out est souvent vécu, par exemple, par les salariés « mis au placard » auxquels on donne de moins en moins de tâches à accomplir afin de les pousser à la démission. Ces salariés, qui n’ont plus de perspective d’évolution possible dans leur environnement professionnel, ne s’y sentent alors plus légitimes ni significatifs. Comme Christine qui, deux ans avant de partir à la retraite, ne se voit plus confier aucune responsabilité : « J’arrivais le matin, je n’avais rien à faire. (…) C’est une horreur totale, une souffrance dont on n’a pas idée ». Elle raconte combien elle se sentait « transparente », reléguée au fond d’un open-space derrière une porte, à enchaîner les sudokus. « J’avais bien compris qu’on voulait que je parte. J’ai tenu, mais à quel prix ? (…) Avoir un salaire ne suffit pas, quand on se lève le matin et qu’on sait que la journée va s’étirer comme ça sans rien. » Phénomène encore tabou aujourd’hui, Jean-Claude Delgenes soutient qu’il s’agit d’une véritable négation du travail effectué et d’une atteinte à la dignité humaine pouvant conduire à une forme de harcèlement moral. Christine conclut son témoignage en précisant qu’elle n’aurait pas tenu sans l’aide d’un médecin spécialisé.

Les symptômes :

  • Baisse de l’estime de soi, sentiment d’inutilité
  • Identité sociale bouleversée
  • Désengagement
  • Dépression

BROWN-OUT

Plus récent pour caractériser une souffrance au travail, le brown-out est ainsi défini par François Baumann (Le brown-out : quand le travail n’a plus aucun sens) : « directement issu du burn-out (…) le brown-out se traduit littéralement par une baisse de courant » qui « exprime la douleur et le malaise ressentis suite à la perte de sens de ses objectifs de travail et à l’incompréhension complète de son rôle dans la structure de l’entreprise ».

 

 

En gros, si vous vous posez la question « Qu’est-ce que je fais là ? » plusieurs fois par jour, c’est un problème. C’est que vous ne saisissez plus le sens de votre quotidien professionnel. Ça peut arriver, par exemple, quand on se précipite sur un job parce qu’on n’a pas le choix ou quand on pense tout simplement que le métier nous plairait en théorie et que cela s’avère bien différent dans la pratique.

Le symptômes :

  • Perte d’intérêt dans l’accomplissement des tâches
  • Difficulté à aller au travail avec envie
  • Fatigue chronique, perte de la bonne humeur et de l’envie d’échanger avec vos collègues
  • Insomnie, pleurs réguliers
  • Obsession de la quête de sens

COMMENT LES ANTICIPER ET LES COMBATTRE ?

  • N’hésitez pas à pratiquer une activité extra-professionnelle (sportive, artistique, sociale…) qui vous permettrait de vous enrichir, de vous déconnecter voire de vous défouler.
  • Si la loi ne protège pas directement contre le burn-out, le droit à la déconnexion (entré en vigueur début 2017) reste un outil de prévention notable.
  • Le médecin généraliste François Baumann, auteur du livre Burn out, Quand le travail rend malade conseille d’apprendre et – surtout – d’accepter dire non, afin d’éviter d’en faire trop et d’être dans la démesure. Il ajoute que cet apprentissage passe inévitablement par une connaissance approfondie de soi.
  • Pour éviter un désenchantement éventuel suite à une embauche, il vous est non seulement possible de suivre une formation au préalable, mais aussi de vous immerger, sans engagement, dans le quotidien d’un métier grâce à notre plateforme TestUnMétier.
  • Ensuite, il est important de ne pas hésiter à chercher de l’aide auprès d’un clinicien spécialisé dans la souffrance au travail, ou encore auprès d’un psychologue. Il est également conseillé de prendre un arrêt de travail sur une période suffisamment étendue pour récupérer psychologiquement.

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