J’ai eu plus de 15 métiers différents
Profil (d)étonnant, Carine nous parle cette semaine de son parcours riche en changement. Après avoir exercé plus de quinze métiers différents, elle sait de quoi elle parle. Véritable couteau suisse et forte d’une expérience de reconversions multiples, elle est aussi super motivée et ça se ressent. Découvrez donc le portrait haut en couleurs de Carine Garet Ramé, qui ne pourra que vous donner du courage !
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Vous avez exercé beaucoup de métiers différents mais aviez-vous déjà un rêve étant enfant ?
Je rêvais d’un métier qui me permettrait d’aider les autres, ça n’était pas tant le « titre » qui me faisait triper mais plutôt ce que ça aurait comme impact : j’ai donc oscillé entre maîtresse pour apprendre en s’amusant, infirmière pour aller mieux, l’humanitaire pour offrir à ceux qui n’ont rien… Bref tous les moyens étaient bons pour aider l’autre ! (Mais non, je n’ai pas un profil de sauveur depuis toujours…).
Vous avez choisi de faire des études de droit ?
J’ai fait des études de droit par curiosité intellectuelle et pour faire un truc où on reboute la machine, puisqu’à priori rien dans ma scolarité n’était à ré-utiliser pour ça… Et puis j’ai réalisé que je me destinais à sauver la veuve et l’orphelin toute ma vie… Trop sensible… J’étais déjà amoureuse de l’homme qui deviendrait plus tard mon mari et j’ai décidé que ma vie perso ne se ferait pas bouffer par ma vie pro… J’ai bifurqué dans la vie pro direct… en événementiel pour organiser des fêtes !
J’ai repris mes études en 2011, et depuis je me forme à l’analyse transactionnelle (en supervision cette année), je me suis formée au coaching systémique en 2013, à la facilitation graphique en 2015, aux outils d’intelligence collective en 2016, au codesign en 2016… Et là, je commence à me dire qu’une petite session de formation me ferait bien kiffer.
On constate que rien ne vous arrête, puisque vous avez exercé les métiers de…
Commerciale, hôtesse, conceptrice et chef de projet event, responsable de communication, cheffe de chantier, décoratrice d’intérieur, coach, formatrice, facilitatrice, session designer, couteau suisse, conceptrice d’outils ludiques pour des formations, project manager en lab d’innovation collaborative et dans 15 jours je serai Lead Designer en résidence.
Ah et aussi Maman (au bout de 4 enfants on peut dire qu’une certaine compétence peut être revendiquée non ?). Bon, tout ça ayant été plus ou moins rémunéré mais… un métier est-il défini comme une activité rémunérée ou comme une activité sur laquelle nous avons développé une compétence qui a fait la différence sur le résultat obtenu ? Va savoir !
Et aujourd’hui ?
Impossible de ne mettre qu’un truc, ça n’est pas vrai et ça me déprimerait : je suis à la fois coach, codesigner, consultante/formatrice/coach en dynamique relationnelle.
Qu’aimez-vous le plus dans votre travail actuel – en trois mots ?
L’écoute, les interactions, la collaboration. Observer l’évolution des personnes et des sujets traités au fil des interactions.
Et qu’aimez-vous le moins – en trois mots ?
Les étiquettes et les cases, la peur fantasmée du changement, le faible niveau d’écoute.
Comment vous est venue la première envie de changement, quel a été le déclic ?
2009, les suicides chez France Telecom… Impossible de continuer à amuser les gens en dehors de leur quotidien pro quand le quotidien pro devient une source potentielle de souffrance… J’ai décidé d’aller dans l’entreprise, travailler sur l’amélioration du quotidien des salariés, et en particulier leur façon de collaborer.
Vous êtes un peu devenue une « experte » en reconversion. Quels ont été vos premiers pas pour vous lancer ?
Me former et ajuster au fil de mes formations mon positionnement pro pour mettre en pratique tout de suite ce que j’avais appris. Par exemple, j’ai assez vite proposé de l’accompagnement à l’organisation d’événement plutôt que de tout faire en mode sous-traitance, je suis allée jusqu’au coaching en organisation d’event (cerise sur le gâteau car je n’avais plus besoin d’accompagner les équipes en séminaire, j’étais en soutien par téléphone à distance, comme ça je pouvais m’occuper de mes enfants aussi).
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pendant ce parcours ? Et quels ont été vos appuis/soutiens ?
Les difficultés :
Mon propre jugement et notamment le manque de reconnaissance vis-à-vis de mes compétences (en événementiel on apprend à faire un paquet de trucs mais sans pouvoir les traduire en « compétences professionnelles » en langage RH). J’étais prise dans la croyance que je savais tout faire en mode démerde et avec bon sens et donc… que je ne savais rien faire.
S’est ensuivi un bon gros syndrôme de l’imposteur : ayant appris mon premier métier en faisant et en observant les autres (pas de transmission, pas de mentor), ça n’était pas parce que j’avais suivi une formation en coaching que j’étais compétente. J’avais appris mon premier métier via l’expérience terrain, difficile de décréter sans expérience que j’étais compétente comme coach.
Le regard des autres et leurs a priori sur ceux qui font tel ou tel métier : « l’événementiel n’est pas un métier puisqu’il n’y avait (à l’époque) pas d’école préparatoire ». « Le coaching c’est pour se laisser écouter pousser les cheveux, ça », « Codesigner ?! Ça existe ça ? C’est quoi ce truc ? »
Mes appuis :
Mon homme… mon homme aussi… surtout ! Quelques personnes rencontrées au fil des formations, et 2-3 BFF (ma fille de 7 ans m’a appris ce sigle ce matin – Best Friend Forever). La grande majorité des potes et ma famille sont largués et/ou pas intéressés, je crois. But it’s ok, ça n’est pas pour eux que j’ai fait tout ça mais pour moi.
Comment le reste de votre entourage a-t-il réagi à cette prise de décision ?
Ça a été progressif, ils se sont habitués à ce que je fasse évoluer mon activité au fil de mes formations. Je crois que je les ai définitivement perdus avec le Codesign qui ne parle en gros qu’à ceux qui sont de près ou de loin dans l’innovation, et c’est normal, ça fait partie des métiers qui n’existaient pas il y a 30 ans.
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Vous qui avez l’air d’avoir une franche expérience du terrain, avez-vous expérimenté concrètement certains métiers avant de vous lancer ?
C’est drôle cette question, enfin logique par rapport à ce que propose Testunmétier mais il se trouve que j’ai effectivement appris mon premier métier en étant jetée direct dans le grand bain. A 23 ans, au bout de 2 mois de stage en agence d’événementiel, j’ai organisé et accompagné 40 personnes en Corse en étant en lead (aucun associé de l’agence en back up sur place).
En sortant de ma formation de coaching, j’ai proposé à pas mal de coachs de les accompagner pendant leur coaching pour pouvoir apprendre en les observant. Je me suis pris de portes : le seul moyen pour avoir ce privilège était de suivre leur formation, et/ou faire la queue pour pouvoir espérer un jour être leur binôme… Aucune ouverture en mode compagnonnage, beaucoup de mindset « business first », sauf une personne qui a fini par me dire : « mais Carine, tu n’as pas besoin de ça, vas-y ».
En Codesign, en revanche, c’est beaucoup plus dans les mœurs. On est d’abord « Learner » puis « Project Manager », puis « Session Designer » (enfin en théorie, parce que je n’ai pas suivi ce process, mais il existe et c’est top !).
Finalement, combien de temps cela vous a pris de changer de voie ?
Vous êtes bien assis ? Ça m’a pris 10 ans. Ça s’est fait par paliers… Mon aîné a 14 ans. Je n’ai pas fait que « changer de métier » pendant ces 10 ans.
Vous êtes bien placée pour donner des conseils à ceux qui auraient envie de (ou s’apprêtent à) changer de métier, alors n’hésitez pas !
Je conseille de tester le métier sans hésiter et interviewer ceux qui l’exercent pour comprendre quelle est la culture de cette tribu, leurs us et coutumes, leurs valeurs… Où est-ce qu’on s’apprête à s’immerger au quotidien.
Mais aussi suivre son intuition, évaluer le risque pour limiter les peurs (notamment le risque financier), faire le tri entre les peurs face à un danger fantasmé et celles face à un danger bien réel. S’entourer de personnes de confiance pour traiter les sujets sur lesquels on n’est pas compétent (notamment pour ceux qui montent leur boîte).
Enfin, je conseille de prendre du temps pour soi.
Et pour ceux qui aimeraient travailler dans l’accompagnement et le développement personnel ?
Avoir commencé un travail sur soi avant, et être conscient que ce travail est le chemin de toute une vie. Accompagner des groupes, ça demande d’être le mieux possible dans ses pompes, avoir identifié ses casseroles et faire avec dans la bonne humeur et l’humilité.
Un dernier mot ?
C’était cool de prendre le temps de refaire le chemin parcouru. Merci !
Avec plaisir Carine ! Bravo pour votre parcours et nous vous souhaitons encore beaucoup de sorties d’autoroute ! 😉
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